Les condamnés à mort
L’Histoire inédite
Des héros condamnés à mort.
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HOMMAGE A CES SOLDATS
DONT LA PLUPART SONT MEUSIENS
PRISONNIERS EN Allemagne
PORTÉS DÉSERTEURS PAR L’ARMÉE FRANÇAISE
CONDAMNÉS A MORT PAR CELLE-CI
SOUS L’INCULPATION DE DÉSERTION DEVANT L’ENNEMI
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AVENTURE HÉROÏQUE ET EFFROYABLEMENT TRAGIQUE D’UNE SECTION COMPOSÉE, DE LA PLUPART,
DE MEUSIENS DE L’ARRONDISSEMENT DE BAR-LE-DUC (MEUSE).
Ci-dessus : L’ordre du jour du Maréchal JOFFRE.
« Le pays a les yeux sur vous. Vous serez de ceux dont on dira » :
« Ils ont barré aux Allemands la route de Verdun ! ».
LES FAITS SE DÉROULENT AUX PREMIÈRES HEURES DE LA BATAILLE DITE DE VERDUN.
Après une nuit de neige, ce matin il gèle, mais le ciel est bleu.
A l’aube commence ce qui va devenir la terrible bataille dite de Verdun.
Le pilonnage va durer neuf heures.
Sur un front de 7 km, c’est plus d’un million d’obus (dans ses mémoires, le Général PÉTAIN avance ce chiffre de deux millions) qui pleuvent sur les troupes Françaises. C’est un déluge de fer et de feu qui s’abat sur nos positions :
- Sur les bois, les ravins, les abris écrasant tout, et transformant le secteur en un champ de carnage, etc.
L’ennemi veut créer une « zone de mort » avec l’espoir qu’aucun soldat ne survivra.
Les munitions manquent sur le champ de bataille.
Le bombardement de la gare de Verdun, entraîne le déplacement des trains. Les approvisionnements s’effectuent avec difficulté.
Ci-dessus : Un wagon de la croix rouge criblé d’éclats d’obus.
Après cette journée et cette terrible nuit :
A l’aube, on retrouve un Adjudant à la tête d’un petit groupe de rescapés occupant une tranchée d’une longueur de quatre cent cinquante mètres.
Il était soutenu, à sa droite ainsi qu’à sa gauche par trois compagnies, mais depuis la veille, les Bois d’Haumont, Samogneux brûlent, etc.
L’artillerie Allemande :
S’acharne sur la section de l’Adjudant en la bombardant avec des obus de 150 et 250 mm.
Au bout de la tranchée :
Un Caporal et six hommes armés de six fusils, mais sans cartouches et sans grenades, attendent les ordres du Sous-officier, chef de section.
Ils arrivent et il leur dit :
« Si la position est intenable pour vous, dans la tranchée, portez-vous en avant, dans le trou d’obus, coûte que coûte ».
« C’est le seul moyen. ».
Le bombardement s’intensifie, les abris s’écroulent, les hommes se retrouvent coincés sous les décombres.
DES MEUSIENS SONT TUÉS, D’AUTRES SONT BLESSÉS.
L’agent de liaison est fauché par un obus.
Ci-dessus : Un agent de liaison.
C’est lui qui va de poste en poste, sous les bombes, transmettre les informations,
au péril de sa vie, comme on vient de le voir.
- Un autre brave a les deux bras arrachés.
- Un Sergent ainsi qu’un Soldat sont criblés d’éclats d’obus.
- Un autre est devenu sourd par la déflagration de ceux-ci.
La pluie d’obus de 150 et de 210 se poursuit sans interruption.
Des renforts sont demandés mais rien n’arrive.
Au cours de la nuit, un ordre leur est donné :
« La position est intenable, rendez vous ! ».
« Je ne veux pas me rendre, réplique l’Adjudant, chef de la section ».
« Je me charge de résister avec mes hommes ! »
« De grâce, envoyez-nous une section de réserve d’action et je me charge du reste ».
« Nous tiendrons ».
Ils restent toute la journée, manquant de cartouches, n’ayant rien à manger, ils sucent de la neige.
La nuit s’avance.
Les Allemands veulent en finir avec cette poche de résistance et affluent de partout. Ils sont huit fois plus que les Français.
Malgré une héroïque défense, encerclés de toute part, n’ayant plus d’espoir pour s’en sortir, ils décident de se rendre, la mort dans l’âme.
Les Allemands arrivent en hurlant.
Ils lèvent les bras, se rendent et sont fait prisonniers.
L’ennemi est face à ces courageux survivants.
- 1 Adjudant,
- 2 Sergents,
- 5 Caporaux,
- 24 Soldats.
C’est l’effectif qui reste sur les trois divisions engagées.
IL N’EST PAS INUTILE DE CITER LES COMMUNES DONT CES HÉROS SONT ORIGINAIRES.
Bar le duc Revigny
Bussy Rosières devant Bar
Chaumont sur aire Saint Joire
Commercy Salmagne
Couvonges Seigneulles
Epiez Vaubécourt
Gondrecourt Vaucouleurs
Ligny en Barrois Verdun
Nubécourt Villiers aux vents
Resson
POUR EUX VA COMMENCER UN SECOND CALVAIRE.
Sans aliments, d’étapes en étapes, brutalisés, ils sont conduits dans le Nord de la Meuse et e retrouvent dans des camps de concentration en Allemagne.
Ils ignorent tout ce qui se passe en France.
HÉROS, ILS SONT CONDAMNÉS A MORT PAR CONTUMACE POUR DÉSERTION DEVANT L’ENNEMI.
Un matin, une nouvelle atroce leur parvient.
- Celle de leur condamnation à mort par contumace pour désertion devant l’ennemi.
Les Allemands informés de leur situation, les provoquent :
« Ach ! Ach ! Franzouses Quand retour in Frankreich kapout !... tous kapout ! Ach ! Ach ! ».
Aux souffrances physiques s’ajoutent l’angoisse, la honte injustifiée, les soucis des conséquences de cette condamnation.
Ils ne sont pas au bout de leur peine.
Leurs noms sont affichés dans les lieux publics notamment sur les portes des mairies.
Leurs femmes, leurs enfants sont insultés, et montrés comme des traîtres alors qu’ils ont accompli leur devoir avec courage.
Certains membres de leurs familles :
Ne supportant pas le déshonneur se sont suicidés.
- Quatre épouses de ces malheureux sont mortes de chagrin.
En captivité :
Cinq de ces hommes ne supportant pas cette situation décèdent.
Plusieurs tentent de s’évader pour retrouver la France.
L’Adjudant tente de fuir, trois fois, et à chaque fois il est repris.
Mais il n’abandonne pas :
Il trompe la surveillance de ses geôliers, écrit quelques lignes sur un morceau de papier expliquant sa situation.
Il confie celui-ci à un soldat « grand blessé » qui va être rapatrié en France.
Pour échapper à la fouille des Allemands :
Il roule le papier qui se transforme en une petite boule, qu’il met dans sa bouche.
A son retour au pays :
Il adresse le précieux message à l’épouse de l’Adjudant qui s’emploie activement à propager la vérité.
D’AUTRES PRISONNIERS FRANCAIS ET RUSSES SONT TRAITÉS COMME DES BÊTES DE SOMME DANS UN CAMP ALLEMAND.
Ci-dessus : Nous voyons à quelle besogne des soldats sont astreints à faire.
Ils sont attachés à des charrettes de paille, alors qu’ils croisent une voiture
vide tirée par des chevaux.
LE CALVAIRE DE TOUS CES HOMMES VA S’ARRÊTER APRÈS L’ARMISTICE.
C’est la fin de la guerre.
C’est la libération, partout c’est la fête, mais il faudra attendre 1919, pour que les villes annexées à l’Allemagne depuis 1871, reviennent à la France.
A VERDUN, A BAR-LE-DUC, ET PARTOUT EN FRANCE.
On s’embrasse dans les rues, dans les habitations.
Ci-dessus : L’entrée des troupes Françaises dans la ville de Strasbourg,
elle était occupée par l’Allemagne depuis 1871.
Dans cette voiture, on aperçoit le Président de la République, Raymond POINCARÉ,
à ses côtés Georges CLÉMENCEAU.
Alors que partout, c’est la fête :
Tous ces héros sont conduits dans une prison, les soldats sont menottés. Par contre, les Sous-officiers sont libres.
APRÈS UNE DIZAINE DE JOURS DE PRÉVENTION, A LA PRISON MILITAIRE :
- Ils sont rassemblés par groupe dans le prétoire.
Quelques paroles suffisent pour leur annoncer qu’ils sont réhabilités.
Puis ces mots sont prononcés :
« Adjudant, vous leur expliquerez… »
Naturellement, leurs biens leur sont rendus, et dit-on : « L’État paiera les frais du procès ».
Mais l’affaire n’est pas terminée :
Alors qu’ils sont reconnus innocents, il est demandé à chacun d’entre eux, une certaine somme pour : Devinez !:
« Pour les frais de voiture des agents de séquestre !!! ».
VOILA DANS QUELLE SITUATION ILS ONT ÉTÉ RÉHABILITÉS.
Illustrations de l’auteur
Christian BOULAY
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