Bombardement de Verdun - 4
LE BOMBARDEMENT
DE LA VILLE DE VERDUN.
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4ème partie
VERDUN, VILLE FANTÔME.
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DES FAITS IGNORÉS :
Depuis deux ans de guerre, l’ennemi n’a plus le moral.
La résistance Française fait de nombreuses victimes du côté Allemand.
Les interminables convois de blessés qui s’acheminent vers les hôpitaux de Metz et de Thionville (dont les villes sont devenues Allemandes) ne rassurent personne.
Dans cette partie de la région Lorraine annexée à l’Allemagne, après la défaite de la guerre de 1870-1871, on fait sonner les cloches, pavoiser les rues, les habitations dans le but de faire croire à un succès par la :
- Prise de la cité Verdunoise.
Le but de cette stratégie :
Remonter le moral de l’armée et aussi, pour déstabiliser les Français qui d’ailleurs assistent à plusieurs reprises à cette mise en scène.
Les Officiers Allemands encouragent :
- Sournoisement les rumeurs qui circulent sur la chute de la cité Verdunoise.
L’espoir des Lorrains :
- Résidant par la force des choses en Allemagne, ne faillit pas. Ils disent aux soldats Allemands :
« Si vous prenez la ville de Verdun, ce serait par surprise, mais alors, ceux qui entreront n’en sortiront plus ».
« Tous, vous sauterez avec la citadelle ».
Pour immortaliser leurs mensonges :
Après les communiqués sensationnels par lesquels les Allemands annoncent des victoires imaginaires de la prise de la ville.
Ils vont jusqu’à imprimer des cartes postale dont celle reproduite ci-dessous :
On y lit en haut de celle-ci :
« STRASSENKAMPF IN VERDUN »
Qui veut dire :
« Combat dans les rues de Verdun ».
L’artiste représente par anticipation :
- Les soldats du Kaiser, tuant des civils et pillant des maisons.
Une médaille commémorative :
L’État-major Allemand était certain du résultat, il avait préparé des médailles commémoratives qu’il se proposait de remettre à chaque soldat qui avait participé à la bataille dite de « Verdun » en souvenir de la victoire.
QUELQUES MOIS PLUS TARD, NOUS NOUS RETROUVONS DANS LA CITÉ MARTYR.
CE TÉMOIGNAGE NOUS FAIT VIVRE LA TRAVERSÉE DE LA VILLE DE VERDUN EN RUINE.
Ci-dessus : Les ruines d’une rue située à proximité de la place d’Armes à Verdun.
« Le camion de quatre tonnes, monstre puissant et docile » :
« Nous entraîne de son allure régulière ; le moteur ronfle, une odeur lourde d’huile chaude et d’essence flotte dans l’air. Les pierres blanches des kilomètres qui, depuis l’aube, défilent, portent un nom magique » :
VERDUN !
« Nous approchons de l’enfer » :
« Penchés en avant, le cœur un peu serré, nous guettons, dans le silence, l’apparition de la cité héroïque. Tout annonce déjà, que l’enfer est proche ! ».
« …de chaque côté, des maisons éventrées et noircies, des troncs d’arbres coupés nets, des entonnoirs fraichement ouverts, au-dessus de nos têtes, le bruit assourdissant des canons et des obus ».
« Un dernier virage, mon conducteur dont la main n’a jamais tremblé sous les obus, est un maître, soudain, apparaît, la ligne basse des remparts ».
La sentinelle :
« Près de la porte voûtée, un militaire, tapis dans sa guérite, derrière une rangée de sacs de terre, nous indique de la main la route à suivre ».
Ci-dessus : Avec un calme imperturbable, une sentinelle monte la garde
dans l’un des quartiers les plus éprouvés par les obus.
La guérite est entièrement recouverte de sacs remplis de terre pour que celle-ci
puisse y trouver un abri au cas où les projectiles viendraient à tomber proche de lui.
La cité fantôme :
« Le camion, battant de ses larges roues le pavé héroïque, s’engage en grondant dans une cité fantôme sombre et déserte. Il contourne une place couverte de débris et gravit une ruelle escarpée ».
Un ah ! de stupeur nous échappe :
« Tout ce quartier de la ville haute n’est plus que ruines, et quelles ruines ! ».
« Des pans de murs sont en partie détruits ».
« Très haut au-dessus de nos têtes, nous voyons des formes bizarres et imprévues ».
« Notre regard est attiré par le fond des cours où sont accumulés les décombres ».
On découvre parfois :
« A l’étage, derrière une façade éventrée, une petite chambre intacte, un lit point défait, des cadres fixés aux murs, un balai dans un coin de la pièce, etc. ».
Ci-dessus : Ce qui reste des habitations.
Et parmi cette destruction :
« Pas une âme, pas d’autre bruit que le fracas des éclatements, le grondement des grosses pierres et le souffle puissant des obus qui franchissent l’espace au-dessus de nos têtes ».
Une halte :
« Le camion s’arrête sur le parvis de la cathédrale, au pied même des hautes murailles, il y a d’énormes éboulis ».
Ci-dessus : Ce qui reste des remparts,
au fond on aperçoit la cathédrale.
« Sur elle, comme sur sa sœur de Reims, les Allemands s’acharnent depuis huit jours ».
« De grands trous percent la nef, des balafres profondes lacèrent ses vénérables flancs ».
« A l’intérieur, nous sommes éblouis par cette lumière qui pénètre par les verrières ainsi que par les trous faits dans voûte ».
« Amoncellement de blocs, de tuiles, de gravats sur les dalles du chœur. De la poussière blanche s’est répandue partout. Les chaises sont fracassées par les éboulements, etc. ».
« Et, quand soudain, au bout de la nef, retentit les sons graves d’un orgue ».
Nous quittons la cathédrale :
« Émus, nous nous retrouvons à l’extérieur. En face du porche, se dresse une habitation qui attire notre attention ».
« Nous pénétrons à l’intérieur ».
« - Les meubles sont restés à leur place, des tableaux, des gravures sont fixés au mur, des photographies de famille sont posées sur le coin de la cheminée ».
« Après cette exploration » :
« - Nous devons rejoindre l’autre bout de la ville, en terrain découvert, qui est dangereux, nous a-t-on dit ».
« Le camion redescend les ruelles tortueuses, nous longeons les remparts, franchissons une voûte en pierre et nous nous dégageons à toute vitesse sur une large avenue bordée de maisons basses et en ruines ».
« En face de nous, dans le ciel la « Saucisse ».
« - Un ballon ennemi est là qui surveille la ville. Malgré notre déplacement rapide, notre guetteur nous a vus ».
« Soudain retentit une détonation » :
Ci-dessus : « La Saucisse » va prendre de la hauteur. Comme on le voit,
elle est reliée au sol par des câbles maintenus par des hommes.
« A cinquante mètres de nous jaillit une gerbe jaunâtre, portant de la fumée, de la terre, des débris de pierre, de poutres, de tuiles… ».
« Ébahis, nous nous regardons puis, nous nous abritons dans une masure basse, trouée et branlante, dont la cave est occupée par une équipe de travailleurs qui oeuvrent la nuit ».
« Assis sur une poutre, des poilus casqué attendent, impassibles que l’orage passe ».
« Alors les gars, çà tombe ? ».
Ci-dessus : Les poilus attendent que le bombardement cesse.
« Oh ! Pas la peine d’en parler ».
« Fallait voir, hier. Il est tombé plus de deux cents obus dans ce secteur ».
« Dix sept hommes et douze chevaux ont été tués devant la porte ! Venez ! »
Ci-dessus : La place ST Nicolas à Verdun, et les victimes d’un obus ennemi,
des hommes, des chevaux.
« Je lève les yeux, quatre territoriaux rasent les murs, portent une civière où un corps inerte se dessine sous la couverture brune, dépassent de celle-ci, deux semelles de chaussures énormes ».
« Une accalmie, déchargeons les camions ».
« Profitons-en » :
« Le déchargement du camion doit se faire à une centaine de mètres, d’où nous sommes, derrière un mur ».
« En route, et nous faisons un demi-tour, dans la boue gluante et collante ».
« Après plusieurs manœuvres, nous arrivons à notre port de déchargement, les poilus sans hâte, la pipe à la bouche, déchargent les camions ».
« Cependant, la canonnade redouble. De toutes les crêtes, des éclaires jaillissent, la terre tremble comme si elle allait s’entrouvrir, l’air est irrespirable ».
« Ce bruit, ce terrible bruit pénètre au plus profond de votre crâne. J’ai hâte que tout soit terminé ».
« Le camion est enfin vide, les papiers signés, les poilus retournent aux abris et nous prenons la route du retour ».
Adieu Verdun.
« Adieu, ruelles désertes, hautes façade éventrées, intérieurs béants qui sentent l’épouvante et la mort ».
Ci-dessus : La rue de la Rivière à Verdun.
« Adieu cathédrale, adieu cité héroïque, etc. ».
Ci-dessus : Les tours de la cathédrale,
avant la guerre.
« Quelques kilomètres encore, sous la menace des canons ennemis, puis nous quittons la « zone de mort ».
Christian BOULAY
Illustrations de l’auteur.
(A suivre :
Le bombardement de
la ville de Verdun
5ème partie).
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