Bombardement de Verdun - 2
LE BOMBARDEMENT
DE LA VILLE DE VERDUN.
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2ème partie
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QUELQUES MOIS PLUS TARD :
LE LUNDI 21 FÉVRIER 1916, JOUR DU DÉBUT DE LA BATAILLE DITE DE « VERDUN ».
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LA VILLE DE VERDUN ENDORMIE, EST PLONGÉE DANS LES TÉNÈBRES.
Il est cinq heures du matin, la ville de Verdun endormie, est plongée dans les ténèbres.
Un grondement suivi d’un bruit sourd réveille cet oiseau qui dormait sur une branche, s’envole rapidement faisant entendre le bruissement de ses ailes.
Est-ce un signe prémonitoire ?
Un obus éclate près de la cathédrale. Puis, le silence est revenu sur la ville qui ne s’est pas réveillée.
Il a été tiré de Billy sous Mangiennes, et donne ainsi, ce que la « gazette de Cologne » appelle dans ses colonnes en relatant ce premier tir « le signal des réjouissances ».
Dès 7h30 du matin :
La ville et sa région sont bombardées.
A Belleville, on dénombre deux victimes,
Charny n’est pas épargnée,
À Clermont, la voie ferrée est détruite sur trois cents mètres,
Toutes les communes de la circonscription d’Etain subissent le même sort…
ALORS QUE LA CITÉ VERDUNOISE EST BOMBARDÉE DEPUIS LE DÉBUT DE LA MATINÉE :
Ci-dessus : L’exode en landau.
Les habitants fuient épouvantés :
- Certains rejoignent les refugiés et obstruent les routes dont l’armée va avoir besoin.
- D’autres prennent le chemin de fer dit, « le Meusien ».
Les maisons s’écroulent sous les bombes, les incendies vont les détruire les unes après les autres.
Dans les casernements, les troupes ainsi que les organes de commandement subissent de lourdes pertes.
Ci-dessus : La caserne Marceau à Verdun.
Les voies d’accès qui convergent vers la ville et le faubourg de Regret, point d’arrivée des renforts, des vivres et du matériel sont constamment bombardées par l’artillerie ainsi que par l’aviation ennemie qui a la maîtrise du ciel.
SEULS, LES SOUTERRAINS DE LA CITADELLE OFFRE UN ABRI SÛR.
Mais un millier de civils s’obstinent à rester terrés dans leurs caves ou abrités dans une galerie de la Citadelle.
Ci-dessus : L’entrée de la citadelle à Verdun.
L’intérieur creusé dans la roche, est transformé pour accueillir le « centre logistique » de la place de Verdun.
Il y a une grande galerie, d’autres perpendiculaires.
« La lumière de nombreuses ampoules électriques fait scintiller des paillettes sur une pierre légèrement rose ».
« Sous les pieds, il y a du sable fin ».
C’est dit-on : la vraie « ville soldat ».
Dans certains endroits, il fait froid, ailleurs la chaleur est modérée.
Sur les sept kilomètres de galeries :
- Larges de 4 à 6 mètres, elles sont aménagées pour subvenir aux besoins de l’armée.
La vie s’organise, on y trouve :
- Un hôpital équipé : d’une salle d’opération,
- D’un central téléphonique,
- Des cuisines, boucheries, boulangeries pouvant fournir plusieurs milliers de rations,
- Des magasins de munitions…
La casemate D, qui fait partie de la superstructure, est aménagée en chambrettes d’officiers, en bureaux pour les Etats-majors permanents ou de passage.
Ci-dessus : À l’intérieur de la Citadelle, le bureau de l’Etat-major.
Des galeries sont transformées en chambre. On y voit des soldats étendus sur des paillasses, d’autres rangent leurs affaires ou écrivent.
Ci-dessus : La Citadelle de Verdun, les casemates.
Deux autres galeries hébergent de nombreux civils, hommes, femmes et enfants, c’est le déballage de matelas, de ballots, d’ustensiles de cuisine, etc.
Ce sont des réfugiés, évacués, des villages voisins, en transit dans le souterrain en attendant d’être dirigés ailleurs.
UN VERDUNOIS QUI SE TROUVE AU CŒUR DE LA CITÉ VERDUNOISE, RACONTE LES PREMIERS JOURS DES BOMBARDEMENTS :
« Le feu couvait sous la cendre. Nous le sentions, depuis, quelques semaines déjà, nous en percevions certains indices, mais nous ne pouvions en déduire sur l’instant précis, ni l’épouvantable intensité ».
Le dimanche 20 février 1916 :
« L’air semblait saturé de menaces, et coïncidence ou conséquence, pour la première fois depuis le début de la guerre, la bibliothèque municipale, ouverte jusqu’à 16 heures, ne recevait personne, etc. »
Ci-dessus : Verdun avant d’être bombardée, la rue Beaurepaire et la bibliothèque militaire.
LUNDI 21 FÉVRIER 1916 :
« J’étais allé renouveler dans une pharmacie voisine de l’Hôtel de Ville ma provision de permanganate de potasse pour aseptiser mon eau de table ».
Dès 8h25 et toute la journée, la ville est bombardée :
« Une détonation puissante, mais relativement éloignée, ébranle l’air jusqu’à nous ».
« Réfugié pendant quelques instants dans les caves de la mairie. Je remontais, entre deux explosions, à mon domicile, situé sur la ville haute, contre laquelle le tir fut, toute la journée ».
« C’est 40 obus de 380 mm qui frappèrent la citadelle ou le quartier Notre Dame ».
Vers 15 heures :
« Je profitais d’une accalmie, pour aller à l’Hôtel de Ville me rendre compte que, ni la bibliothèque, ni le musée, immeuble où j’habite, ni les bâtiments municipaux n’avaient été touchés ».
Ci-dessus : L’Hôtel de Ville de Verdun.
À 17h45 :
« Trois explosions avaient lieu à quelques minutes d’intervalle ».
Ci-dessus : La cour de l’Évêché.
À 18 heures :
« Le dernier bombardement faisait sauter le portique monumental de l’ancien Palais épiscopal et crevait le réservoir d’eau de la place de la cathédrale ».
Le 22 février 1916 :
« Le bombardement frappait la ville basse ».
Les 23 et 24 février 1916 :
« Les obus continuent à tomber ».
Ci-dessus : Bombardement de la ville de Verdun,
avec des obus incendiaires.
Mais pendant la nuit du 24 au 25 février :
Il est tombé, plus de 68 obus de 380 mm s’abattant sur la ville basse.
« La citadelle était en feu, l’incendie éclairait toute la ville et les bords de Meuse, pendant que, du magasin affecté aux fusées, partant dans tous les sens et on avait l’impression de voir de magnifiques étoiles filantes ».
« Cependant, tout autour de la place, sur tous les fronts résonnait une canonnade infernale, un rugissement effroyable ».
« Au-dessus de la ville passaient, nuit et jour, des volées d’obus de tous calibres, criant comme des chats huants ; c’était insoutenable ».
Le jeudi 24 février 1916 :
C’est le repli à l’arrière du front des services publics :
Notre conteur, se décide à quitter la ville.
« Abandonnant mobilier, collections, fiches qui m’avaient coûté des années de recherches ».
« Je bourrais une valise au hasard, et la plaçait sur une petite voiture…, je descendis à l’Hôtel de Ville et après avoir mangé avec mes collègues fonctionnaires municipaux ».
Ci-dessus : L’Hôtel de Ville de Verdun, côté jardin, en 1894, avant l’incendie.
L’hôtel de ville classé monument historique, ainsi que son musée ont été détruits.
Et on disait : « on dirait qu’il a subi un bombardement ».
Il avait été l’un des plus beaux monuments historiques de France.
De style renaissance, il avait été construit au XVIIe S.
Il était composé d’un bâtiment principal et de deux ailes séparées, etc.
Vers cinq heures du soir :
Le feu avait pris naissance dans les greniers situés au-dessus du musée, et s’était immédiatement étendu sur l’ensemble du bâtiment.
En moins de deux heures, il ne restait du bâtiment, que des murs calcinés.
On avait pu sauver de ce désastre, une grande partie de la collection du musée ainsi que les papiers, comptes, registres de l’Etat-civil, archives récentes et documents importants.
Les dégâts avaient été évalués à 300 000 F.
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NOTRE TÉMOIN POURSUIT SA ROUTE.
« Je me suis mis en route en compagnie du » :
« - Secrétaire en chef de la mairie de Verdun,
« et du secrétaire du commissariat de police »,
« - Portant l’un et l’autre, à la main, leur maigre baluchon ».
« Nous partîmes pour rejoindre la station de Nixeville ».
« (NDLR qui est située sur la ligne de chemin de fer Meusien »
« Pour arriver à Bar-le-Duc ».
« La neige tombait serrée, la bise était coupante ».
Ci-dessus : La gare du chemin de fer Meusien à Verdun. À la suite des bombardements,
aucun train ne circule au départ de la cité Verdunoise.
« Alors nous eûmes sous nos yeux un spectacle inimaginable ».
« Tandis que le canon tonnait en rafales, que les obus, autour et au dessus de Verdun (NDLR la ville), roulaient les nuages comme la fumée d’un cigare… ».
« De partout apparaissaient des groupes, et sur toutes les routes, sur tous les chemins, même sur les terres gelées roulaient des milliers d’automobiles portant sur leurs flancs des soldats en armes, des 8e et 20e corps ».
Ci-dessus : Le transport de la troupe.
« C’est à la nuit close que nous arrivâmes enfin à la station de Nixeville ».
Ci-dessus : Une gare Meusienne.
« Où, accroupis dans la neige » :
« - Attendaient tant de pauvres gens ».
« Vision impitoyable, mais bien plus affreuse encore » :
« - La veille, des mères retrouvèrent leurs enfants morts sur leurs poitrines ».
« L’heure des trains d’évacuation était passée » :
« Il nous fallut aller au village de Nixeville, pour passer la nuit ».
« Un troupeau de vaches, chassés par la mitraille, se trouvait là, les pauvres bêtes affamées, étaient couchées sur la neige et des soldats appuyés contre elles, se réchauffaient à leurs contacts ».
« Nous pûmes nous reposer, quelques heures, dans une chambre qu’un Colonel quittait… ».
Christian BOULAY
Illustrations de l’auteur.
(A suivre :
Le bombardement de la ville de Verdun
3ème partie).
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